Skip to main content

SpeechPublished on 4 December 2025

OSCE Ministerial Council 2025 – Declaration of Switzerland (fr)

Vienna, 04.12.2025 — Address by Federal Councillor Ignazio Cassis, Head of the Federal Department of Foreign Affairs (FDFA) and incoming OSCE chairperson-in-office in Vienna – Check against delivery

Madame la Présidente,

Excellences, Chers collègues,

À la fin de cette année, une évidence s’impose : le monde semble s’éloigner des principes qui, depuis Helsinki, ont rendu la sécurité européenne possible.

Trop souvent, nos institutions ne sont plus les moteurs du multilatéralisme, mais les témoins impuissants de son érosion.

Mais nous ne sommes pas condamnés à constater l’érosion du multilatéralisme — nous pouvons encore le raviver si nous choisissons d’agir avec lucidité.

Les développements récents dans les contacts entre l’Ukraine, les Etats-Unis, l’UE et la Russie en témoignent. La situation reste certes dramatique, mais même les conflits les plus enracinés peuvent ouvrir des interstices – fragiles, incertains, mais réels.

Si une fenêtre — même étroite — s’ouvrait pour une désescalade ou une trêve, l’OSCE doit être prête : prête à observer, à vérifier, à documenter, à accompagner.

Prête à redevenir ce qu’elle a toujours su être dans les moments décisifs :
un garant impartial, une présence sur le terrain, un signal de stabilité.

C’est notre valeur ajoutée unique.

Il ne faut pas simplement célébrer Helsinki, mais le réactualiser. Le Décalogue n’est pas un héritage symbolique : c’est un manuel d’action.

Et le continent pourrait en avoir besoin plus tôt qu’on ne le pense.

Pour cela, il faut parler franchement : notre Organisation doit se préparer à jouer son rôle, sans disposer de moyens supplémentaires.

Cela signifie réorienter, simplifier, hiérarchiser.
Pas “plus”, mais mieux.

Cela implique aussi une réforme interne — pas idéologique, mais pragmatique :

- des procédures plus légères,
- une capacité d’action plus rapide,
- une allocation des ressources alignée sur les priorités réelles de sécurité,
- et une discipline institutionnelle qui transforme la contrainte budgétaire en levier stratégique.

Chers collègues,

La Suisse assumera la présidence de l’OSCE en 2026 avec une conviction simple :
quand la diplomatie semble impossible, elle devient indispensable.

À nous de montrer qu’elle est à la hauteur des attentes, en agissant avec courage et lucidité.
Dans un monde instable, la clarté est une responsabilité.


Et le consensus doit retrouver son sens : non pas un droit de veto, mais un engagement à faire avancer l’essentiel.

Nos priorités seront donc concentrées :

1.       Soutenir toute voie crédible vers une paix juste en Ukraine, et préparer l’OSCE à y contribuer dès que les circonstances le permettront.

2.       Renforcer une diplomatie multilatérale efficace et inclusive, qui protège réellement la sécurité en Europe.

3.       Préserver l’espace démocratique et les droits humains, qui sont la condition de toute stabilité durable.

4.       Anticiper les transformations technologiques qui redéfinissent déjà notre sécurité.

5.       Rendre l’Organisation plus agile, pour qu’elle puisse agir lorsque l’histoire accélère.

Je tiens à remercier la Présidence finlandaise et la Troïka.
Votre travail, chère collègue, dans un contexte d’extrême difficulté, nous offre une base solide pour aborder 2026 avec détermination et sang-froid.

Monsieur le Secrétaire général,

Je me réjouis de pouvoir compter sur un partenariat étroit avec vous et vos équipes, pour faire de l’OSCE une organisation réellement en état de marche.

Chers collègues,

L’Europe traverse une période d’incertitude stratégique.
Dans ces moments-là, les organisations qui osent parler clairement renforcent la confiance.
Et celles qui savent se préparer peuvent faire la différence.

Soyons prêts — si une chance, même fragile, devait se présenter.

Je vous remercie.